pour toi frer
J'ai marché, marché jusqu'à ne plus sentir mes pieds
Le crépuscule a fait place au froid et à l'obscurité
Mais qu'importe, je continue d'avancer
Car ce soir j'ai un rendez-vous à ne pas manquer
Les branches mortes craquent sous mes pas alors que je rejoins la forêt
La belle et mystérieuse où un matin de chasse j'ai eu une vision
Mon coeur bat plus vite et je retiens ma respiration
Je sens comme une présence derrière moi, tout près
La musique du vent dans les feuilles me fait fermer les yeux
Un doux chant apaisant qui me caresse le visage
Ils sont là je le sais, ce sont eux qui rodaient près du village
"Ils t'attendent pour la danse", me murmurent les cieux
Un frisson dans mon dos à cause de la fraîcheur
Je m'adosse un instant contre le tronc d'un chêne
Et devant moi la prairie inondée d'une blanche lueur
Offre pour notre spectacle une magnifique scène
Le cri d'une chouette, un bruissement dans les peupliers
Mon coeur bat la chamade, il danse déjà au son des tambours
Les tambours de mes tempes au battement régulier
La nature pour nous ce soir a revêtu ses plus beaux atours
Je m'avance dans la plaine, pas à pas
La lumière de la lune m'envahit
Je me retourne et je les vois,
Ils s'approchent doucement et je souris
Mes frères loups et moi engageons notre course folle
A travers le bois et la plaine blanche
Les étoiles scintillent ce soir et s'affollent
Nous courons comme un seul être et volons dans les branches
Nous martelons le sol tels des chevaux sauvages en furie
Remuant la poussière et soufflant de la vie
Cette odeur forte de liberté nous arrache des hurlements
Que nous offrons tous ensemble au ciel et au firmament
Oh frère loup que ta présence illumine ma vie
Toi mon maître et ma raison d'être sur terre
Pourquoi tant de haine et tant de mystère
Qui de l'homme ou du loup sombrera dans l'oubli?
J'ai peur que pour toi la lutte soit mal engagée
Mon frère, moi qui ai tout appris de toi
La source de la rivière et les secrets des bois
Sans prétention aucune tu me les a livrés
Les hommes ne se souviennent-ils pas
Qu'ensemble pour la grande chasse nous courions autrefois
Côte à côte comme toi et moi le faisons aujourdhui
Faut-il que l'homme soit fourbe pour tuer son ancien ami...
Je reste à tes côtés, ne gémis pas, ne gémis pas,
Qu'ils viennent jusqu'à moi et je te défendrai
J'arracherai leurs pièges et jeterai leurs appats
Pour ta liberté et pour la mienne je me battrai
Tu me comprends, mon ami, pas vrai?
Tes yeux dorés clignent comme si tu approuvais
Frère loup, courons encore ensemble sous la lune argentée
Echappons à ce monde fou et barbare où nous sommes nés
Trouvons ensemble l'ancienne route cachée dans la forêt
Tu m'a promis qu'un jour tu me la montrerai
N'attendons pas, viens, je les entends déjà
Toi qui incarne l'esprit de la nature, sauves toi.